C’est une image tirée d’un des étirements du projet décrit sur [
https://printmaking.be/ign-pierres-litho](https://printmaking.be/ign-pierres-litho)
C’est un Tumblr donc autant en faire un miroir ici.
L’Institut Géographique National belge utilise la
lithographie durant tout le dix-neuvième siècle. Longtemps après le passage
à la gravure métal, les quelques 3740 encombrantes pierres lithographiques
qui permettait d’imprimer les cartes de toute la Belgique à petite échelle
en plusieurs couleurs conservent leur statut militaire et doivent être
déménagées et mises à l’abri à chaque crise majeure. Sans doute quelque
part dans les années 50 ou 60, elles sont chacune brisées en deux et
servent à combler un ancien bunker. Il en reste, on les épuise dans la
construction de murs de soutènement.
Cette brutale, minérale et militaire anecdote se glisse au cours de
nombreuses rencontres entre l’atelier de printmaking de la Cambre et
Jean-Luc Parmentier qui anime le service des archives de l’IGN avec
érudition. Vif intérêt, puis découverte émue du flanc de ces pierres dans
la zone ex-militaire encore interdite au public.
L’atelier insiste sur la possibilité de relancer des impressions à partir
de ces matrices enfouies sans protections sous terre et intempéries depuis
plus d’un demi-siècle, et avec la complicité à peine masquée de M.
Parmentier, obtient l’autorisation de l’ancienne organisation militaire de
démonter quelques pierres du mur. Le matin du 12 décembre 2016, sous l’œil
aérien des cameramen de la Défense nationale, des motifs attendus et
d’autres moins sont dés-enfouis. La dernière pierre que nous sommes
autorisés à retirer présente une carte avec une échelle en millions, soit
nettement trop grande pour la Belgique, territoire dont le travail de
l’Institut n’est pas sensé déborder… Une carte de toute la largeur du Congo
se dévoile, du moins sa partie sud, la pierre présentant une facture
oblique masquant toute la partie nord.
Après un nettoyage soigneux, les pierres suivent une préparation normale
et, sous l’étonnement fasciné de l’atelier, impriment des tirages qui n’ont
perdu aucune de leurs qualités originales. Des cartes géologiques sont
tirées et révèlent des states minérales fantomatiques. Les versos des
pierres elles-mêmes dessinent des parcours complexes.
La naissance du projet est montré à la Tate Exchange à Londres le 11
janvier 2017 durant les conférences de l’[Annihilation Event Prototype](
http://events.arts.ac.uk/event/2017/1/11/Annihilation-Event-Prototype/).
Les différents travaux sur les pierres, la pierre de la carte du Congo et
les tirages qui en sont issus sont montrés aux portes ouvertes de la Cambre
les 17 et 18 mars. La semaine suivante, à Londres à la Lethaby Gallery
entre le 22 et le 25 mars, durant les workshops de l’[Annihilation Event](
https://annihilationevent.com/), cette pierre est scannée en 3D, sa surface
photographiée sous plusieurs angles, et ses artefacts numériques versés à
la problématique des archives vivantes qui y est discutée. La partie
manquante est reconstituée sur base de données cartographiques numériques
contemporaines et tracée par plusieurs feutres de couleur sur une table
traçante XY Roland des années 80. Le tirage et l’épreuve tracée ont ensuite
fait partie de l’exposition Antennae organisée par la fondation Lubomirov
Angus-Hughes au Arts Centre à Athènes les 20 au 25 mai. Le processus
complet a enfin été montré à la Quincaillerie Vander Eycken lors de
l’[exposition Privé](
https://printmaking.be/post/161690069912/priv%C3%A9-print-and-the-politics-of-space-private)
des Masters 1 de l’atelier entre le 14 et 17 juin 2017.
À cette occasion est initié un espace de dialogue autour de la pierre et du
ré-enfouissement prochain des ses compagnes. Commencer à poser des mots,
rendre visible la complexité de ces articulations, entamer un dialogue plus
large médié par les questions que posent ces objets gisants.
D’autres événements ont suivi, entre autres celui destiné à [écouter la
pierre](http://www.printmaking.eu/post/170645448607/listen-to-the-stone)
Participants qui sont intervenus d’une manière ou d’une autre dans le
processus à ce stade : Abigaël Huyard, Charlène Mao, Emma Spartacus,
Fantine Perez, Jean Pierre Muller, Jean-Luc Parmentier, Marica Takino,
Marie Theurier, Pierre Emilio Gandini, Pierre Huyghebaert, Sophie Boiron,
Rolina Elsje Blok, Alessandra Falbo, Vincent Meessen.