Re: bruxelles/Trop beau

pierrehuyghebaert
2019-2-13 06:43

C’est une image tirée d’un des étirements du projet décrit sur [

https://printmaking.be/ign-pierres-litho](https://printmaking.be/ign-pierres-litho)

C’est un Tumblr donc autant en faire un miroir ici.

L’Institut Géographique National belge utilise la

lithographie durant tout le dix-neuvième siècle. Longtemps après le passage

à la gravure métal, les quelques 3740 encombrantes pierres lithographiques

qui permettait d’imprimer les cartes de toute la Belgique à petite échelle

en plusieurs couleurs conservent leur statut militaire et doivent être

déménagées et mises à l’abri à chaque crise majeure. Sans doute quelque

part dans les années 50 ou 60, elles sont chacune brisées en deux et

servent à combler un ancien bunker. Il en reste, on les épuise dans la

construction de murs de soutènement.

Cette brutale, minérale et militaire anecdote se glisse au cours de

nombreuses rencontres entre l’atelier de printmaking de la Cambre et

Jean-Luc Parmentier qui anime le service des archives de l’IGN avec

érudition. Vif intérêt, puis découverte émue du flanc de ces pierres dans

la zone ex-militaire encore interdite au public.

L’atelier insiste sur la possibilité de relancer des impressions à partir

de ces matrices enfouies sans protections sous terre et intempéries depuis

plus d’un demi-siècle, et avec la complicité à peine masquée de M.

Parmentier, obtient l’autorisation de l’ancienne organisation militaire de

démonter quelques pierres du mur. Le matin du 12 décembre 2016, sous l’œil

aérien des cameramen de la Défense nationale, des motifs attendus et

d’autres moins sont dés-enfouis. La dernière pierre que nous sommes

autorisés à retirer présente une carte avec une échelle en millions, soit

nettement trop grande pour la Belgique, territoire dont le travail de

l’Institut n’est pas sensé déborder… Une carte de toute la largeur du Congo

se dévoile, du moins sa partie sud, la pierre présentant une facture

oblique masquant toute la partie nord.

Vidéo de la Défense nationale

Après un nettoyage soigneux, les pierres suivent une préparation normale

et, sous l’étonnement fasciné de l’atelier, impriment des tirages qui n’ont

perdu aucune de leurs qualités originales. Des cartes géologiques sont

tirées et révèlent des states minérales fantomatiques. Les versos des

pierres elles-mêmes dessinent des parcours complexes.

La naissance du projet est montré à la Tate Exchange à Londres le 11

janvier 2017 durant les conférences de l’[Annihilation Event Prototype](

http://events.arts.ac.uk/event/2017/1/11/Annihilation-Event-Prototype/).

Les différents travaux sur les pierres, la pierre de la carte du Congo et

les tirages qui en sont issus sont montrés aux portes ouvertes de la Cambre

les 17 et 18 mars. La semaine suivante, à Londres à la Lethaby Gallery

entre le 22 et le 25 mars, durant les workshops de l’[Annihilation Event](

https://annihilationevent.com/), cette pierre est scannée en 3D, sa surface

photographiée sous plusieurs angles, et ses artefacts numériques versés à

la problématique des archives vivantes qui y est discutée. La partie

manquante est reconstituée sur base de données cartographiques numériques

contemporaines et tracée par plusieurs feutres de couleur sur une table

traçante XY Roland des années 80. Le tirage et l’épreuve tracée ont ensuite

fait partie de l’exposition Antennae organisée par la fondation Lubomirov

Angus-Hughes au Arts Centre à Athènes les 20 au 25 mai. Le processus

complet a enfin été montré à la Quincaillerie Vander Eycken lors de

l’[exposition Privé](

https://printmaking.be/post/161690069912/priv%C3%A9-print-and-the-politics-of-space-private)

des Masters 1 de l’atelier entre le 14 et 17 juin 2017.

À cette occasion est initié un espace de dialogue autour de la pierre et du

ré-enfouissement prochain des ses compagnes. Commencer à poser des mots,

rendre visible la complexité de ces articulations, entamer un dialogue plus

large médié par les questions que posent ces objets gisants.

D’autres événements ont suivi, entre autres celui destiné à [écouter la

pierre](http://www.printmaking.eu/post/170645448607/listen-to-the-stone)

Participants qui sont intervenus d’une manière ou d’une autre dans le

processus à ce stade : Abigaël Huyard, Charlène Mao, Emma Spartacus,

Fantine Perez, Jean Pierre Muller, Jean-Luc Parmentier, Marica Takino,

Marie Theurier, Pierre Emilio Gandini, Pierre Huyghebaert, Sophie Boiron,

Rolina Elsje Blok, Alessandra Falbo, Vincent Meessen.