BRI-Co Andromède (12/18)

pacome
2019-2-6 22:58

Participation au BRI-Co Andromède (Bureau de Recherches et d’Investigations

Commun)

décors / inventaire :

  • un trajet à vélo vers un quartier inconnu

  • un trajet en bus vers un quartier inconnu

  • un froid de canard

  • une porte en métal orange

  • un local technique en sous-sol

  • pas de fenêtre

  • un canon à chaleur

  • des crayons de charpentier

  • des murs comme support

  • deux grandes tables

  • des bancs

  • une cuisine opérationnelle

  • du café filtre

  • quelques multiprises

  • une oreille attentive

Nous sommes arrivés au Bri-co dans l’optique d’y être présent les 3

journées, avec comme intention de prendre le temps de l’écoute, et de

rester prudent quand à l’usage de nos outils quotidiens pour manipuler des

représentations du territoire.

Nous sommes invités à y participer en tant que “collectif de géographes”.

Nous n’avons aucune idée d’intervention, et si nous en avons discuté entre

nous auparavant, nous avons pris soin de ne pas prédéfinir de dispositif ou

de figer une intention.

premier jour :

il fait beau et froid.

Nous tentons de rester dans le local afin d'écouter les habitants et

visiteurs nous décrire l’extérieur.

Quelques images commencent à émerger : les rapports difficiles avec la

société de logement, la commune et la police, des souhaits d’aménagements

Deux ados sont invités à écrire leur proposition de réparation au mur ;

ils écrivent en prenant le plus de place possible sur la surface

disponible, mais avec des crayon trop fins. Ils s’attardent donc à épaissir

leurs lettres pour que ça se voit mieux.

Évocation de la négociation de l'espace, la place des autres idées sur

cet espace restreint, la gomme comme mauvaise option.

Il y a une attente palpable dans le brico de resultats

photographiables, aussi une personne est envoyée chercher des craies et

marqueurs plus visibles. Plutôt inconfortables avec l’objectif affiché,

nous restons en retrait de cette tentation.

La parole semble rester malgré tout le moyen le plus simple et le plus

partagé de transmettre de l’information, et nous attendons de trouver un

angle pertinent pour aborder une représentation spatiale, trop souvent

complexe et fascinante.

Nous commençons une liste des choses entendues, sur la paroi extérieure

des toilettes, prise de note publique et visible par tou-te-s, mais de

notre fait. Chacun-e peut s’y référer.

Nous ne poussons pas à écrire ni dessiner, mais les crayons sont

disponibles.

Une ligne du temps est amorcée sur un autre pan de mur, à coté du sapin

de noël et face à l’entrée, pour éventuellement accueillir une mise en

forme temporelle des infos du quartier, le passé, les choses en cours, le

futures, les choses à faire etc.. elle ne sera finalement pas du tout

utilisée.

Deuxième jour :

Il fait toujours beau et froid.

Il y a peu de passage.

Nous buvons beaucoup de café

Nous faisons le tour des frontières extérieures du quartier, et nous

trouvons que le cadre est plutôt chouette : pelouses en bon état, pas de

graffitis, mobilier ubain en bon état, parcs, arbres, terrain de foot..

seuls les barres de logements sont un peu ternes dans leur habillage en

parpaing bruts.

La brigade canine fait un peu tache.

Il y a une petite zone en chantier.

L’épicerie rappelle les pubs iralandais multi-fonction que nous avons pu

croiser à une autre occasion : presse, épicerie, sandwich, tables, et

imprimante combo-scan-fax pour les papiers. C’est clairement un lieu

important, et la plupart des gens que nous croisons vont ou reviennent de

là bas.

La pharmacie a déménagé du micro centre commercial “pour mieux vous

servir”.

Une capture d’écran de la vue satellite-3D de googlemaps sur le quartier

montre que la nouvelle pharmacie n’est pas loin, juste à l’extérieur de la

zone. Cette carte est assez confuse. Ils n’ont apparemment pas compris

qu’ils pouvaient incliner la vue ; ça aurait été beaucoup plus clair.

Nous apprendrons qu’il est difficile de se rendre à la nouvelle pharmacie à

pied, et qu’ils ont déménagé pour s’intégrer à un projet commerciale plus

large, entre deux zones d’habitations. Pour le moment elle est hébergée

dans un container vitré en bordure de la route.

Nous remarquons que le quartier est bien pourvu en plan, avec

l’indispensable “vous êtes ici”. On le retrouve un peu partout, en divers

formats.

Nous décidons de nous en servir comme inspiration pour un premier

référentiel spatial, très léger, qui pourra servir de base.

Une grille au mur, un import OSM des bâtiments, et un dessins à main levée

reportent un bout de carte sur le mur du couloir d’entrée, à coté des

tables.

Les traits sont fins, nous ne souhaitons pas encore faire de choix sur ce

qui doit exister ou prendre de l’importance.

De plus en plus de paroles et de notes évoquent le fait que les problèmes

sont internes : dans les logements, dans les rapports avec la société qui

gère les logements. De l’extérieur tout semble aller bien.

Une question d’image traîne cependant dans l’air : l’image d’un quartier

qui a sa réputation, l’image que ses habitants ont d’eux même liée à cette

image du quartier, l’image qu’on a de l’exterieur au regard de la

réputation du quartier etc..

Peut être que tout cela se réglerait avec un bon coup de crépi ?

Ceci rappelle ce jeu des trois animaux : “Choisis trois animaux… Le

premier représente comment tu te vois, le deuxième comment on te voit, le

troisième qui tu es vraiment.”

A 15h tout le monde est parti, sauf Pierre (AC) et Pietro (Cuisine Brico),

alors qu’un groupe de 7-8 personnes arrivent pour discuter, rameutés par

Pietro.

Pietro prends en main la mise en forme / mise en mots des échanges à grands

coups de craies sur le mur

A la fin le mur est bien rempli, c’est écrit en grand, ca parle fort, il

n’y plus de place

La ligne du temps, elle, n’attire rien du tout

Troisième jour :

Il fait encore beau et froid

Il faut aller chercher plus de café

Il y a plus de monde, notamment des assos et partenaires du brico, et des

habitants qui reviennent

Ce moment de retour et finalisation de ces trois jours est convivial, et

nous repassons à travers les diverses traces au murs.

Nous apprenons que les panneaux avec les plans du quartier sont à

l’initiative des personnes à mobilité réduites et de l’antenne sociale

Wolu-Services, car tout le monde se perd ici, et surtout les taxis.

En accrochant sur cette histoire de panneaux et suivant le constat des

problématiques internes, nous poursuivons notre cartographie en accentuant

les bâtiments principaux

Au fil des discussions vient l’idée de pouvoir renommer ces bâtiments, qui

ne sont nommés que par des numéros.

Les panneaux “vous êtes ici” pourraient être un bon support, et pourraient

être refait avec cette approche en ligne de mire.

Ca permettrait de leur donner une identité, de les incarner, peut être de

commencer à se les approprier et commencer à en prendre soin, d’envisager

des réparations à leur sujet.

Sans attendre.

L’enthousiasme de la personne de WoluService pour cette idée se rétracte

dés qu’il s’agit d’en parler concrètement. Il faudrait pour cela qu’elle ai

du personnel à mettre dessus.

La bouteille de gaz du canon à chaleur expire vers 15:30, une bonne heure

pour commencer à remballer et se dire au revoir

Le froid qui regagne l’espace n’incite pas à traîner, et tout le monde

libère la place rapidement.

Sur le retour, le groupe qui est en bus discute de l’absence remarquée des

3 organisateurs de ce Brico : ils seront venus +/- une demi journée chacun,

et pas au compte rendu.

En parlant de crépi.