un trajet à vélo vers un quartier inconnu
un trajet en bus vers un quartier inconnu
un froid de canard
une porte en métal orange
un local technique en sous-sol
pas de fenêtre
un canon à chaleur
des crayons de charpentier
des murs comme support
deux grandes tables
des bancs
une cuisine opérationnelle
du café filtre
quelques multiprises
une oreille attentive
Nous sommes arrivés au Bri-co dans l’optique d’y être présent les 3
journées, avec comme intention de prendre le temps de l’écoute, et de
rester prudent quand à l’usage de nos outils quotidiens pour manipuler des
représentations du territoire.
Nous sommes invités à y participer en tant que “collectif de géographes”.
Nous n’avons aucune idée d’intervention, et si nous en avons discuté entre
nous auparavant, nous avons pris soin de ne pas prédéfinir de dispositif ou
de figer une intention.
il fait beau et froid.
Nous tentons de rester dans le local afin d'écouter les habitants et
visiteurs nous décrire l’extérieur.
Quelques images commencent à émerger : les rapports difficiles avec la
société de logement, la commune et la police, des souhaits d’aménagements
Deux ados sont invités à écrire leur proposition de réparation au mur ;
ils écrivent en prenant le plus de place possible sur la surface
disponible, mais avec des crayon trop fins. Ils s’attardent donc à épaissir
leurs lettres pour que ça se voit mieux.
Évocation de la négociation de l'espace, la place des autres idées sur
cet espace restreint, la gomme comme mauvaise option.
Il y a une attente palpable dans le brico de resultats
photographiables, aussi une personne est envoyée chercher des craies et
marqueurs plus visibles. Plutôt inconfortables avec l’objectif affiché,
nous restons en retrait de cette tentation.
La parole semble rester malgré tout le moyen le plus simple et le plus
partagé de transmettre de l’information, et nous attendons de trouver un
angle pertinent pour aborder une représentation spatiale, trop souvent
complexe et fascinante.
Nous commençons une liste des choses entendues, sur la paroi extérieure
des toilettes, prise de note publique et visible par tou-te-s, mais de
notre fait. Chacun-e peut s’y référer.
Nous ne poussons pas à écrire ni dessiner, mais les crayons sont
disponibles.
Une ligne du temps est amorcée sur un autre pan de mur, à coté du sapin
de noël et face à l’entrée, pour éventuellement accueillir une mise en
forme temporelle des infos du quartier, le passé, les choses en cours, le
futures, les choses à faire etc.. elle ne sera finalement pas du tout
utilisée.
Il fait toujours beau et froid.
Il y a peu de passage.
Nous buvons beaucoup de café
Nous faisons le tour des frontières extérieures du quartier, et nous
trouvons que le cadre est plutôt chouette : pelouses en bon état, pas de
graffitis, mobilier ubain en bon état, parcs, arbres, terrain de foot..
seuls les barres de logements sont un peu ternes dans leur habillage en
parpaing bruts.
La brigade canine fait un peu tache.
Il y a une petite zone en chantier.
L’épicerie rappelle les pubs iralandais multi-fonction que nous avons pu
croiser à une autre occasion : presse, épicerie, sandwich, tables, et
imprimante combo-scan-fax pour les papiers. C’est clairement un lieu
important, et la plupart des gens que nous croisons vont ou reviennent de
là bas.
La pharmacie a déménagé du micro centre commercial “pour mieux vous
servir”.
Une capture d’écran de la vue satellite-3D de googlemaps sur le quartier
montre que la nouvelle pharmacie n’est pas loin, juste à l’extérieur de la
zone. Cette carte est assez confuse. Ils n’ont apparemment pas compris
qu’ils pouvaient incliner la vue ; ça aurait été beaucoup plus clair.
Nous apprendrons qu’il est difficile de se rendre à la nouvelle pharmacie à
pied, et qu’ils ont déménagé pour s’intégrer à un projet commerciale plus
large, entre deux zones d’habitations. Pour le moment elle est hébergée
dans un container vitré en bordure de la route.
Nous remarquons que le quartier est bien pourvu en plan, avec
l’indispensable “vous êtes ici”. On le retrouve un peu partout, en divers
formats.
Nous décidons de nous en servir comme inspiration pour un premier
référentiel spatial, très léger, qui pourra servir de base.
Une grille au mur, un import OSM des bâtiments, et un dessins à main levée
reportent un bout de carte sur le mur du couloir d’entrée, à coté des
tables.
Les traits sont fins, nous ne souhaitons pas encore faire de choix sur ce
qui doit exister ou prendre de l’importance.
De plus en plus de paroles et de notes évoquent le fait que les problèmes
sont internes : dans les logements, dans les rapports avec la société qui
gère les logements. De l’extérieur tout semble aller bien.
Une question d’image traîne cependant dans l’air : l’image d’un quartier
qui a sa réputation, l’image que ses habitants ont d’eux même liée à cette
image du quartier, l’image qu’on a de l’exterieur au regard de la
réputation du quartier etc..
Peut être que tout cela se réglerait avec un bon coup de crépi ?
Ceci rappelle ce jeu des trois animaux : “Choisis trois animaux… Le
premier représente comment tu te vois, le deuxième comment on te voit, le
troisième qui tu es vraiment.”
A 15h tout le monde est parti, sauf Pierre (AC) et Pietro (Cuisine Brico),
alors qu’un groupe de 7-8 personnes arrivent pour discuter, rameutés par
Pietro.
Pietro prends en main la mise en forme / mise en mots des échanges à grands
coups de craies sur le mur
A la fin le mur est bien rempli, c’est écrit en grand, ca parle fort, il
n’y plus de place
La ligne du temps, elle, n’attire rien du tout
Il fait encore beau et froid
Il faut aller chercher plus de café
Il y a plus de monde, notamment des assos et partenaires du brico, et des
habitants qui reviennent
Ce moment de retour et finalisation de ces trois jours est convivial, et
nous repassons à travers les diverses traces au murs.
Nous apprenons que les panneaux avec les plans du quartier sont à
l’initiative des personnes à mobilité réduites et de l’antenne sociale
Wolu-Services, car tout le monde se perd ici, et surtout les taxis.
En accrochant sur cette histoire de panneaux et suivant le constat des
problématiques internes, nous poursuivons notre cartographie en accentuant
les bâtiments principaux
Au fil des discussions vient l’idée de pouvoir renommer ces bâtiments, qui
ne sont nommés que par des numéros.
Les panneaux “vous êtes ici” pourraient être un bon support, et pourraient
être refait avec cette approche en ligne de mire.
Ca permettrait de leur donner une identité, de les incarner, peut être de
commencer à se les approprier et commencer à en prendre soin, d’envisager
des réparations à leur sujet.
Sans attendre.
L’enthousiasme de la personne de WoluService pour cette idée se rétracte
dés qu’il s’agit d’en parler concrètement. Il faudrait pour cela qu’elle ai
du personnel à mettre dessus.
La bouteille de gaz du canon à chaleur expire vers 15:30, une bonne heure
pour commencer à remballer et se dire au revoir
Le froid qui regagne l’espace n’incite pas à traîner, et tout le monde
libère la place rapidement.
Sur le retour, le groupe qui est en bus discute de l’absence remarquée des
3 organisateurs de ce Brico : ils seront venus +/- une demi journée chacun,
et pas au compte rendu.
## Post Brico :
La carte du mur re-géoréférencée :